Maître Stanislas PANON, avocat au Barreau de Paris

Le monde des arts divinatoires face à ses défis juridiques

Le paysage des arts divinatoires est en pleine mutation, mais cette évolution rapide s’accompagne de défis juridiques inattendus. Alors que de plus en plus de personnes se tournent vers ces pratiques pour trouver aide et réconfort, un vide juridique persistant menace la légitimité et la sécurité des consultants. La prolifération de charlatans et d’affairistes sans scrupule exploite la crédulité de personnes vulnérables, suscitant des préoccupations croissantes au sein même de la profession. Dans cet article, Me Stanislas PANON plonge dans les lacunes actuelles de la réglementation des arts divinatoires, mettant en lumière les dangers pour le public et proposant des mesures potentielles pour protéger les consultants. - Priorités gouvernementales : un déséquilibre flagrant ? Depuis plusieurs années, un déséquilibre flagrant se dessine dans les priorités des pouvoirs publics, qui semblent accorder plus d’attention au contrôle des sectes qu’à la régulation des arts divinatoires qui génèrent un chiffre d’affaires colossal. Me PANON justifie cette situation en soulignant le caractère légal des pratiques divinatoires par rapport aux activités sectaires. Cependant, il reconnaît que nombre de dérives, imputables à certains praticiens, sont répréhensibles sur le plan légal, causant des dommages financiers et psychologiques importants. - La nécessité d’identifier les professionnels Face à l’évolution des pratiques et des mentalités dans le domaine de la voyance, Me PANON insiste sur l’importance de l’identification des professionnels pour éviter les abus et permettre aux clients trompés de rechercher réparation en déposant plainte au civil ou au pénal. - Vers une responsabilité accrue des praticiens Il est aujourd’hui relativement aisé de rechercher la responsabilité pénale des praticiens des arts divinatoires sur divers fondements tels que l’escroquerie à la voyance, l’abus de faiblesse et de vulnérabilité, la publicité commerciale trompeuse, ou encore la violation du secret professionnel. Les dirigeants des plateformes de voyance peuvent également être mis en cause s’il est prouvé qu’ils sont les donneurs d’ordre. - La question de l’absence de lois spécifiques L’absence de lois spécifiques à la profession de médium, voyant , astrologue…, malgré l’existence d’un code de déontologie, suscite depuis des années des interrogations. Actuellement, seuls le code pénal et le code de la consommation régissent les arts divinatoires, sans tenir compte de leurs spécificités et dérives. - La nécessité d’une réglementation adaptée Il souligne la nécessité d’une réglementation qui empêche tout anonymat et qui pourrait être mise en place par la délivrance d’un agrément nominatif. En somme, le flou juridique persistant dans le domaine des arts divinatoires nécessite une action réglementaire pour protéger les consultants contre les abus. Il est impératif de mettre en place des mesures qui permettent une identification claire des professionnels et qui garantissent leur responsabilité en cas de comportement répréhensible. Seule une régulation adaptée pourra répondre aux défis juridiques posés par l’évolution rapide du monde de la voyance et des arts divinatoires.

Propos recueillis par Yamina Gueham

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