Les vautours tuent la voyance…

” je vois un truc avec votre oreille gauche…’’

Si vous avez manqué l’émission sept à huit sur TF1, le 7 novembre dernier, n’en faites pas un fromage, car le plateau n’en valait pas la peine, si ce n’est la fin annoncée de madame Irma avec l’arrivée de nouvelles sorcières relativement jeunes, et sans le pouvoir de voler sur un balai. De qui se moque-t-on ? Plutôt que de révéler au grand public les compétences illusoires d’une compagnie de novices en la matière, on leur donne du crédit. Aujourd’hui, on ne chasse plus les grand-mères, on consulte les petites filles dans l’espoir de bénéficier de bons clichés sur son existence à condition de s’en donner les moyens financiers parce que la poudre de perlimpinpin est bien plus coûteuse que le baril de pétrole.

La production de l’émission sept à huit a probablement été abusée pour mettre à l’honneur une telle fourberie au risque d’amoindrir sa crédibilité en matière de reportages. Désormais, des gamines sur les réseaux sociaux qui s’improvisent voyantes croulent sous une clientèle de tous âges avec des revenus colossaux, comme Julia qui, dans un restaurant à Paris, empoche 1000 euros pour deux heures de spectacle vaudevillesque apparemment satisfaisant pour quelques songe-creux. Julia qui se vente de deviner l’intimité des gens annonce avec sérieux à une cliente : “ je vois un truc avec votre oreille gauche, une otite ou un piercing”. La cliente estomaquée répond : “ je me suis fait percer l’oreille gauche hier”. Il n’était pas très difficile pour cette grande voyante suspecte au 24 printemps de voir le petit trou dans le lobe de l’oreille de la cliente en face d’elle. TF1 a fait fort en donnant la possibilité de s’exprimer à une pléiade de nouvelles sorcières saugrenues aux pouvoirs qui feraient rire “la sorcière bien-aimée”, sauf que là, la baguette magique n’est pas indispensable pour encaisser l’argent bien aimé de ces jeunes bouffonnes qui empochent mensuellement plusieurs milliers d’euros, de quoi donner l’idée à pôle emploi de créer une section paranormale. Ces voyantes affabulatrices attirent non seulement de nouveaux clients, mais comptent beaucoup sur les plus fragiles qui consomment du tarot de Marseille comme une drogue, et qui sont gravement victimes d’une addiction. Acheter un tarot est à la portée de n’importe quel clown qui souhaite s’installer sur la toile avec pour seul bagage le mensonge et la cupidité. On constate sur les réseaux sociaux que de jeunes pseudo- voyantes, pour la plupart étudiantes, offre la consultation probablement pour se faire la main avant de ponctionner le pigeon. D’autres préfèrent annoncer de suite la couleur avec une diversité dans les tarifs. Un tirage de cartes entre 10 et 50 euros, ou la réponse à une question entre 6 et 20 euros. Pour se différencier des cartomanciennes, il y a celles qui utilisent le pendule pour ne pas se perdre dans des explications mensongères vu que le pendule répond, faussement, par oui ou par non. C’est choisir la facilité technique pour le gain facile.

Dans ce reportage que TF1 angélise, une jeune étudiante gagnerait 6000 euros par mois. Le César du fantasme revient à une certaine Sandrine avec un revenu mensuel de 18000 euros, une ancienne comptable qui depuis 16 ans parlerait avec les morts. Elle explique avoir gardé le secret longtemps pour ne pas finir chez les fous, et qu’aujourd’hui son jeune fils parle, sans rire, également avec les défunts. Toutes ces précisions ressemblent étrangement au scénario de la série américaine Ghost Whisperer, à l’exception qu’elle n’a pas une boutique d’antiquités, mais un mari coiffeur qui travaille sans doute pour le plaisir. Cette personne qui fait semblant de croire à ce qu’elle dit va un peu loin en certifiant avoir la clef de certaines affaires judiciaires, qui plus est en soulignant que Dupont de Ligonnès est toujours vivant, et qu’il se cache en France chez un couple complice dans un décor arboré, et qu’on le trouvera l’année prochaine. Cette prétendue médium a beaucoup d’imagination. En outre, elle explique enseigner le Reiki à ses jeunes enfants avec un rituel, montré dans le reportage, sur une crêpe pour que cette dernière soit plus nourrissante. Sandrine a plus d’une corde à son arc, elle possède son atelier de sorcellerie(illusoire) sur le Net.

Christo

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