Pouvoir Politique, Puissance Et Conséquences Comportementales
La politique est la seule carrière dans laquelle on entre sans qualification et d’où l’on ressort sans diplôme. Pourtant le pouvoir politique ne s’improvise pas. Mais l’on peut devenir forgeron en forgeant si même au départ l’on ne se croyait pas fait pour cela. Il serait inscrit quelque part dans les étoiles, dans les destins, ce projet de devenir un homme publique, un animal politique à quelque période que ce soit de notre existence. C’est la différence qui se révèle entre vivre et exister.
La vie est un processus biologique de constant devenir commun aux êtres vivants en général. Les animaux et les plantes qui mettent le temps à profit pour se développer, subissent des mutations de la naissance à la mort.
EXISTER, C’EST MANIFESTER DE L’ÉNERGIE Ce temps désigne la différence entre l’organique qui se structure dans le temps et l’inorganique. Le roc, par exemple, demeure le même malgré le temps qui s’écoule. Exister, c’est manifester une certaine énergie qui produit un impact sur l’entourage, autant sur les êtres que sur les chosés. C’est le vécu subjectif à l’endroit des autres humains et le vécu objectif avec les objets. Dans les deux cas de figure, l’homme éprouve toujours dans la réalité de cette influence un sentiment de puissance, de pouvoir. Ce pouvoir de modifier ce qui peut s’inscrire dans le cours du temps qui est concrétisé par le foisonnement de promesses durent les campagnes électorales. Des promesses qui ne font leur effet que dans la mesure où elles sont crédibles et ainsi soulignent le pouvoir du candidat.Il faut faire ressortir ici déjà un comportement particulier de l’électeur. Il est dit que l’électeur est libre de choisir parmi les candidats qui se proposent. Ceci ne fait aucun doute, et dans l’isoloir, il se trouve seul face à sa propre conscience lestée de sa liberté. Mais cette liberté est constituée d’un espace vide à meubler, d’un temps libre à organiser, d’un potentiel qu’il faut pouvoir investir et rendre productif. Si le bon sens est la chose la mieux partagée du monde, la capacité de structurer, de rendre productive et profitable cette liberté est loin d’être la même pour tout le monde et le meneur, le leader, serait celui qui est pressenti comme le plus apte à prendre en charge la liberté des autres après avoir assuré lui-même la sienne en l’hypothéquant avec celle des autres. Cette liberté au nom de laquelle tant de crimes sont commis, ne paraît pas si facile à gérer par tous. Car elle engendre une certaine angoisse, si l’on n’a pas acquis le nécessaire intellectuel et psychologique pour savoir l’utiliser à bon escient. Le plus souvent, on s’en débarrasse entre les mains du premier venu comme on confie son argent à son banquier pour faire un placement, avec l’espoir d’un rendement. C’est ainsi que l’on engendre les Potentats qui “manipulent ces situations où f individu s’étonne que les décisions ne cadrent pas toujours avec ses intérêts. La démocratie serait de gérer cette hypothèque commune de libertés dans l’intérêt de tous. Immanquablement, cette procuration de gestion donnée à l’élu par le bulletin de vote induit en lui un sentiment de pouvoir qui le place au-dessus de la mêlée.
UNE PROCURATION POUR GERER NOS LIBERTES Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’un tel pouvoir se confond avec une puissance notamment sexuelle que certaines peuplades tentent de matérialiser chez leur chef en exigeant de lui, de prendre plusieurs épouses et aussi pour avoir beaucoup de descendances… I1 est inscrit le plus souvent dans la tradition orale de ces peuples primitifs qu’un impuissant sexuel avéré doit être éloigné du trône tribal. Cet impact de l’existence de l’homme politique fait partie de son désir profond et préoccupe son imaginaire. Fait-il aussi l’objet de ses rêves ? Cela est bien possible. Il faut reconnaître que l’analyse du comportement de l’homme politique pour celui qui n’a jamais été dans l’arène, ne peut être que professionnelle. Peut être que les psychanalystes des hommes politiques pourraient nous en dire Plus ?
Considérant seulement le pouvoir politique conféré par le bulletin de vote, ce serait ignorer un système très particulier à la France ? Les pépinières des hommes de,pouvoir sont constitués dans les grandes institutions que sont, par exemple, l’École Polytechnique, l’École Nationale d’Administration, l’École des Sciences Politiques etc…., où l’on prend “l’ascenseur pour le château’’ à 23 ans et poursuivre son bonhomme de chemin malgré les réussites ou les échecs. C’est un marquage à vie par les résultats scolaires qui malheureusement, stérilisent l’esprit de créativité et de progrès. C’est l’élite des hauts fonctionnaires qui détient au fait le pouvoir politique, surtout en France. Étant nés ou diplômés pour diriger, ils se soumettent rarement au verdict des urnes et ils développent ainsi pratiquement une indifférence dissimulée à l’évolution du “social”. Leur propre ascension devient une religion et le respect de l’argent une priorité inavouée ou plutôt désavouée. La preuve en est donnée par la multitude des “affaires” qui défraient actuellement les chroniques journalistiques.
LE GOÛT DU POUVOIR : UN HÉRITAGE C’est donc le pouvoir conféré par le diplôme qui ne supporte aucune critique ni remise en question. On fait partie d’un groupe de privilégiés qui doivent pouvoir aussi mettre en place les conditions pour réaliser un patrimoine qui caractérise leur réussite. Et leurs enfants aussi sont tout désignés pour prendre la relève. Ainsi observe-t-on la véracité du dicton populaire qui stipule que “le père étant un aigle, le fils est un faucon et le petit-fils un vrai”…
Les gouvernants sont toujours issus du même milieu, sauf quelques rares exceptions, qui d’ailleurs prennent rapidement le pli de l’infaillibilité qui exclut tout dialogue avec la base. Cette dernière étant considérée comme ignorante de ce qui peut se passer dans les Hautes Sphères. Comme on le dirait en petit nègre “parmi les grands d’en haut, en haut”.
Cette absence de dialogue entraîne une frustration dans le peuple. Frustration de non participation aux formulations des décisions concernant son avenir. Cela ne peut que s’exprimer dans les émeutes, et plus prosaïquement dans les grèves dont la France détient un triste record de fréquence. Les grèves faisant partie du mode de vie à la française comme la baguette; le litron de gros rouge et le béret basque. Il y a certes, les élus de l’Assemblée Nationale. Mais ne donnent-ils pas l’image “d’un grand d’en haut” à partir du moment où ils deviennent conscients de leur pouvoir ? Ce pouvoir ne creuse-t-il pas inévitablement une distance entre l’élu et les électeurs ? En fin de compte, les conséquences comportementales du pouvoir politique découlent de cette tendance innée de l’Homme d’un désir de transcendance, d’être plus que l’autre. Le train politique offre un terrain favorable à l’accomplissement de cette aspiration, que ce soit par voie de la formation ou encore de la naissance. Mais en tout état de cause, l’une n’exclut pas l’autre.
Même si l’on est venu au monde sous la bonne étoile, il appartient toujours à l’individu de faire un choix. C’est le choix de la chose politique qui s’impose parfois aux détenteurs du pouvoir de l’argent. La tendance est souvent grande de réclamer la reconnaissance du ventre de la part de ceux qui profitent de la manne du développement. C’est le dilemme auquel sont confrontés les mastodontes que sont les dirigeants des multinationales afin de rassurer le peuple pour préserver l’acquis.. C’est alors le pouvoir politique à froid. I1 ne fait plus dans la dentelle et la rigueur des chiffres devient paroles d’Évangile. Pour eux, le chômage n’est qu’un épiphénomène signifiant L’élagage des branches inutiles d’un arbre, pour l’entreprise, conserver l’essentiel intéressant et prolifique.
Ainsi, la dimension valorisante de l’homme par le travail ne les préoccupe pas. C’est “l’exploitation” du travailleur et sa production qui constituent leur priorité, en général. Ce serait utopique de prendre en considération ces données dans les cotations boursières.
En conclusion,les conséquences comportementales du pouvoir politique obéissent à leurs propres lois. Quelle que soit l’origine de ce pouvoir, il dénaturerait inévitablement son détenteur. Pour les Haïtiens, un professionnel qui se lance dans la politique perd aux yeux de l’habitant son titre. Il n’est plus ni docteur, ni notaire ou avocat. “Vox populi” peut-être ? Toujours est-il que le pouvoir absolu corrompt absolument
Dr Raymond M. JOHNSON Médecin -Psychiatre-Psychanalyste