l’astropsychologie

Petite mise en boite de l’astropsychologie

L’astropsychologie entend pouvoir tracer le portrait d’une personne en se servant du thème natal. Mais l’on sait que l’observateur interfère avec l’objet étudié. Faut-il vraiment de longues années d’étude en astrologie pour devenir un bon astropsychologue capable de tirer du thème toute la substantifique moelle ? Il est probable que l’astrologue apprend surtout sur le tas et que c’est vraiment ainsi qu’il arrive à contenter son client. Tout comme l’on n’apprend pas la cuisine en allant au restaurant , il apparait que l’on n’apprend pas l’astrologie en en consommant à outrance . La consultation astrologique ne serait-elle pas, finalement, une consultation psychologique recourant accessoirement à quelques notions d’astrologie. Est-ce que l’astrologue n’est pas d’abord engagé dans une relation d’aide ?

Il y a déjà une quinzaine d’années, nous avions publié une plaquette intitulée “L’astrologue face à son client. Les ficelles du métier”, préfacée par Jean-Paul Sauzéde qui fut traduit en anglais par les soins du critique australien de l’astrologie, Geoffrey Dean et que l’on trouve sur Internet dans les deux langues, les dessins d’illustration assez savoureux étant dus à Larissa Bliman. Un peu d’humour ne fait pas de mal quand on traite de la pratique de l’astrologie et quand on prépare les élèves à cette activité (voir les cours que nous avons dispensés en 1995-1996, à l’INAD (Institut des Arts Divinatoires, voir intervideo de Youcef Sissaoui, sur téléprovidence)

Nous conseillerons au praticien de l’astrologie de commencer par tester le degré de résistance -ce qui équivaut grosso modo au degré de crédulité- de son client du jour mais cela vaut aussi pour l’enseignant ou le conférencier en astrologie par rapport à son public.

La consultation nous fait penser à une partie d’échecs et parfois entre les deux joueurs, il en est un qui est beaucoup plus expérimenté que l’autre et c’est généralement l’astrologue qui en est à son éniéme client et qui sait parfaitement jouer sur la difficulté qu’il y a à répliquer à une proposition nous concernant. L’astrologue expérimenté ne fera qu’une bouchée d’un client novice et n’aura guère de mal , du moins dans l’ immédiat, à avoir le dernier mot.. Il est donc bon que l’astrologue sache dès le départ s’il aura ou non affaire à forte partie. On commencera donc par apprécier la réactivité de l’interlocuteur, des auditeurs pour déterminer ce qui peut “passer” et le degré de précaution qu’il faudra adopter. Autrement dit, il s’agira d’éprouver les défenses de l’autre partie qu’il faut séduire et convaincre du bien fondé de ce que l’on lui adresse. Ces directives ne valent pas seulement d’ailleurs pour l’astrologie, on s’en doute et en cela il est souvent assez vain de vouloir isoler le cas de l’astrologie au niveau de la communication, de l’entretien par rapport à d’autres pratiques. Qu’il soit bien entendu qu’à la fin du compte, ce n’est pas de l’astrologie qu’il s’agit ici mais bien de l’astrologue et de ce qu’il va dire et prédire au nom de l’astrologie, quand bien même prendrait-il la peine de choisir dans le thème ce qui vient sous tendre son propos en laissant de côté ce qui va à son encontre, ce dont le “client” - au sens large de toute personne payant pour un service - est rarement capable ou désireux de se rendre compte. L’astrologue avancera donc quelques réflexions préliminaires pour tâter le terrain et il devrait assez vite se faire une idée du degré de réceptivité du dit client tant le concernant que concernant tel ou tel savoir dont on exposerait quelques principes. Si le client ne “tique” pas, on peut continuer sans trop de crainte de provoquer un rejet, comme dans le cas d’une greffe. Au vrai, le fait de se rendre chez l’astrologue est déjà signe de défenses immunitaires point trop activées et exigeantes. Et si l’on accepte ce que prétend pouvoir faire l’astrologie, on peut aussi bien accepter ce que l’astrologie a à nous dire personnellement.

L’astrologue expérimenté aura vite fait de tester le degré, plus ou moins faible de réactivité d’une part et de repérer dans le thème ce qui correspondra à ce qu’il pense opportun de communiquer à son client. Ce sont là, nous semble-t-il, les deux compétences qui permettront à la consultation de bien se dérouler, selon les règles. Dans les deux cas, le client semble incapable:

1 d’affirmer que l’astrologue aurait pu aussi bien lui dire autre chose et que cela aurait aussi marché

2 d’affirmer que les données du thème mises en avant n’épuisent nullement ce que le dit thème recèle.

Un cas classique est évidemment celui de la conférence d’astrologie, autour du thème de quelqu’un de plus ou moins bien connu . On ne retient du thème que ce qui correspond à ce quel’auditoire croit connaitre,. L’exercice consistera à chercher dans le thème ce qui correspond à ce qu’ l’on pense de la personne dont c’est le thème. On est là dans l’apprentissage d’un langage. Tout comme en français, l’on devra choisir les mots qui conviennent pour dire ce que nous voulons signifier, de même le thème apparait comme une sorte de corpus spécifique dont on extraira ce dont on aura besoin. Mais chacun sait que quels que soient la syntaxe ou le lexique d’une lange, on trouve toujours moyen de communiquer. quand on est habile….

Il semblerait qu’instinctivement certaines personnes ne retiennent que ce qui va dans le sens de ce qu’elles veulent démontrer et tendent à minimiser voire à négliger systématiquement tout ce qui irait dans un autre sens. On peut aussi affirmer qu’une telle approche est sélective et ne considère comme actifs que les facteurs correspondant à des développements ultérieurs mais avec un tel raisonnement on ne peut que confirmer l’astrologie!

L’astropsycholohgie a-t-elle pour raison d’être de figer le comportement de la personne – attention, on ne bouge plus comme devant un photographe !: de justifier ses blocages, ses petites habitudes, ses phobies qui en feraient un être à part ? Sommes-nous, en effet, si différents les uns des autres, une fois que l’on a fait la part des conditionnements collectifs (sexe, pays, religion, époque) ?-

A l’intention des futurs astrologues, nous dirons que le véritable enjeu est n’est pas de dire la « vérité » au client – quelle vérité ? – mais de procéder à une sorte de massage – plutôt que de message, de débloquer un peu les articulations et d’amener le client à faire un travail d’assimilation, de réinterprétation de ce que dit l’astrologue, quitte à trahir totalement la pensée de l’astrologue. Que l’astrologue ait donc l’humilité de ne pas prétendre avoir eu accès à la Vérité et avoir « validé » définitivement « son « ‘ astrologie de par une quelconque approbation du client qui est tout simplement une recherche de résonance qui ne va pas plus loin que lorsque quelqu’un aime une musique, choisit un vêtement., change de look. Le changement est un mot clef de l’astrologie non point tant au niveau événementiel mais à celui de la représentation de soi-même. L’astrologue aide plus souvent son client à « changer de peau » qu’à retrouver ce qu’il est. D’ailleurs, fondamentalement, ne sommes-nous pas tous sorti d’un même moule donc en mesure de nous reconnaitre dans tout ce qui est humain ? C’est ainsi que même si l’astrologue fait fausse route, cela peut conduire le client à se repenser, à se regarder autrement.

Jacques Halbronn

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