Les astrologues et les voyants
Les astrologues et les voyants, deux mondes socialement différents
Nous avons depuis longtemps constaté qu’un groupe ne se définissait pas tant par la nature de son « objet » affiché que par celle de ses membres ou du moins de la grande majorité d’entre eux. Parfois, de fait, certaines personnes s’égarent au sein d’un groupe qui ne leur correspond pas socialement. Parfois, des groupes ayant des similitudes quant à leur objet diffèrent singulièrement de par leur socle sociologique. Notons que certaines divergences au sein d’un même groupe sont secondaires au regard de ce qui lie ses membres par ailleurs, à un niveau plus fondamental.(sexe, race, religion, région, culture etc)
C’est ainsi que le monde des astrologues diffère de celui des voyants, en dépit de certaines convergences des pratiques.
D’un côté, nous avons des gens qui recourent à des savoirs leur permettant de décoder – du moins c’est ce qui est supposé – les signes dont leurs clients sont les porteurs, les véhicules. (Astrologie, Tarot, Numérologie, Yi King etc). Ces praticiens ne sont pas censés posséder des qualités particulières, ils ne vont pas à la source, ils se situent en quelque sorte en aval, quand les signes sont déjà manifestes/manifestés, présentés en quelque sorte sur un plateau.
De l’autre, nous avons une toute autre population qui se situe plus en amont et qui va chercher les informations à la source grâce à la médiumnité de ses membres. Ce qu’exprimeront ces praticiens d’un autre type (voyance, spiritisme), ce sont des choses qu’ils captent grâce à leur sensibilité.
Nous avons l’habitude de dire que dans le premier groupe, c’est le client qui est le médium et dans le second c’est le praticien.
A partir de telles observations, l’on ne sera pas trop surpris d’apprendre que le premier groupe est plus « intellectuel » que le second, plus « air » qu’ « eau », selon les Eléments astrologiques. D’où les relations complexes et compliquées du premier groupe avec les milieux universitaires du fait de l’importance accordée à une tradition livresque, iconographique, symbolique. A contrario, le second groupe intéressera plus les parapsychologues, les métapsychistes lesquels constateront l’ existence de certains pouvoirs. La dialectique du savoir et du pouvoir caractérise bien un tel clivage.
Dans les deux cas, l’entrée dans la profession, dans le métier de praticien se fait souvent dans un deuxième temps (second choix). On apprend l’astrologie ou la numérologie pour soi-même avant de l’exercer, on prend conscience de ses « dons » (souvent héréditaires) avant de songer à en faire commerce. D’où des parcours souvent bien différents d’une catégorie socioprofessionnelle à l’autre.
Nous dirons que celui qui vient à l’astrologie trahit souvent un certain manque de sensibilité qu’il espère justement compenser en recourant à l’outil astrologique. Inversement, les médiums sont des êtres qui captent intuitivement beaucoup de choses et qui peuvent souhaiter étayer leurs dires par le biais de l’astrologie. D’où un faux procès par rapport aux références à l’astrologie chez des personnes qui ne la connaissent que très superficiellement. On oublie que ce ne sont là que des prétextes et que le voyant ne s’appuie pas vraiment sur l’astrologie, qu’il n’y cherche que des recoupements. L’astrologue a besoin de lunettes pour voir (lunette à prendre au sens astronomique et optique) et s’il perd celles-ci, il est réduit à l’impuissance.
En définitive, la valeur de l’astrologue reste largement tributaire de la qualité de ses outils, d’où une certaine émulation à faire progresser, à améliorer ceux-ci alors que la valeur du voyant est fonction de son potentiel personnel, de quelque chose de plus intérieur, de plus viscéral. On aura compris que l’astrologue accordera la plus grande importance à tout ce que la culture peut lui apporter,à tout ce qui « traine » dans les bibliothèques, les musées et dont il pourrait tirer parti alors que le voyant est plus proche de la Nature et fera surtout un travail sur lui-même, pour « développer » ses talents, un peu à la façon d’un sportif.
De telles différences d’itinéraires et de motivations ne peuvent, on nous le concédera, que déboucher sur des profils différents. Et même l’astrologue le plus « doué » sera marqué par la quête d’outils, à chercher dans les livres et même le voyant le plus performant aura d’abord eu à travailler sur lui-même.
Jacques HalBronn http://www.teleprovidence.com