Judaïsme et arts divinatoires

RELIGION

“Recherche du secret de la foi’’, la kabbale permet de découvrir le sens caché des textes sacrés. La mystique juive s’est mêlée aux courants grecs créant ainsi une orientation nouvelle depuis la fin de l’antiquité et durant tout le moyen-âge. Elle induit une communion avec la divinité. Le rituel dicté par la Torah acquiert un certain pouvoir magique.

Seuls, les religieux détenaient le pouvoir de prononcer ces paroles divines. Les capacités magiques et rituelles de certains mots réapparaissent dans les invocations théurgiques. La symbolique du Cosmos intégrée au sanctuaire s’inscrit dans le champ ésotérique. Le temple représentant le Cosmos est divisé en trois parties qui correspondent au ciel, à la terre et à la mer, Les sept branches du chandelier renvoient aux sept planètes, les douze pierres précieuses que porte le grand-prêtre représentent à la fois les signes zodiacaux et les douze tribus d’Israël. La Franc-maçonnerie s’inspirera d’ailleurs de cette symbolique pour la disposition et l’orientation de la loge.

La mystique juive, relevant de l’héritage grec antique, est l’un des constituants essentiel de l’ésotérisme occidental. Les Kabbalistes accordent autant de crédit à la vie cachée de Dieu qu’à sa manifestation intelligible. D’après la Kabbale, le Dibbouk est un esprit qui possède l’être vivant. Partant du principe qu’à chaque consonne de l’alphabet correspond une valeur numérique, le processus kabbalistique (notarikon, ghérnatrie) a pour objet le rapprochement des mots qui ont une valeur numérique identique. La pierre sacrée que les Hébreux appelaient le Béthel (la demeure de Dieu) était considérée comme un condensateur de l’énergie cosmique. Passant de l’énergie cosmique à l’énergie divine, la pierre est devenue un symbole. Ancienne tradition venue du judaïsme, la Kabbale consiste en une manipulation d’alphabets et de textes hébraïques. Sa pratique relève de la lecture et de l’interprétation de livres tels que la Torah (les 5 premiers livres de la Bible), le Zohar, le Zepher Raziel (Grammaire des lettres-énergies). La Kabbale s’inscrit dans une démarche à la fois spirituelle et intellectuelle. Pratiquée par des initiés en quête de méditations, la talismanique est l’an magique le plus accessible de la Kabbale. Il implique néanmoins la connaissance des systèmes évocatoires des hiérarchies évangéliques, faute de quoi les vertus des pentacles seraient extrêmement limitées. Le talisman est confectionné au cours d’un rituel et s’adresse à une personne en particulier. La religion des kabbalistes procède par analogie du connu vers l’inconnu. Us considèrent la religion comme un besoin pour l’humanité mais ne sont pas pour autant adeptes de l’idolâtrie. Aux IXème et Xème siècles, on trouve des ouvrages astrologiques écrits en langue arabe par des juifs (Raban AtTahbari, Sanad Ibn AI). La magie astrologique est évidente dans plusieurs passages du Talmud. Le Talmud vise à établir des normes de comportements de l’homme face à son créateur ou plus largement, au sein de la société. Il s’agit d’un vaste compte-rendu des sciences académiques durant lequel maîtres et disciples discutaient et s’opposaient pour trancher sur des problèmes. Le Talmud se compose de la Michna et de la Guémara.

La Torah reconnaît et tient compte de l’existence de tendances mystiques. Selon la Torah, le miracle est intégré dans la perception rationnelle du monde. Cependant, les Rabbins limitent l’intervention des miracles. La Kabbale théorise les préceptes astrologico-talmudiques alors que le Talmud s’est toujours montré quelque peu laconique quant au processus qui admettait cette perspective. Il se contentait de signaler l’éventualité d’une libération de l’empire des astres. L’astrologie est effectivement, interdite par la loi, Mais, il n’en demeure pas moins que la tentation suscitée par une ligne de conduite aussi catégorique soit omniprésente dans l’esprit de chacun. La notion de destinée est reconnue et développée par le Talmud qui relie la prééminence de trois faits le nombre d’enfants, la longévité et les moyens de subsistance. La destinée préside toujours aux événements de la vie mais elle est sujette à des retournements de situations. Ainsi, un malade agonisant dans le but de modifier son sort, changera de nom ou de lieu d’habitation.

L’astrologie hébraïque accorde une importance aux sept jours de la semaine en établissant une correspondance entre le jour de semaine spécifique du natif et les événements qui ont présidé à ce même jour lors de la création. Ainsi, les natifs du premier jour de la création (le Samedi) sont, soit entièrement bons soit totalement mauvais. L’astrologie hébraïque est essentiellement lunaire. La sorcellerie est pratiquée de la même façon que dans les autres ethnies. L’un des épisodes de la Genèse apparaît déjà empreint de sorcellerie. Il s’agit de la rivalité entre Léa et Rachel autour de la personne de Jacob. Les objets utilisés pour mettre fin à cette situation sont les racines de mandragores, connues pour leurs nombreuses vertus et dont les racines rappellent étrangement la forme du corps humain. Les Hébreux ont fait grand usage des téraphîm, petites statuettes de bois parfois de forme phallique et que l’on croyait douées de paroles prophétiques. Sachant que les Téraphîrn ne représentaient pas Yahvé (DIEU), les juifs l’utilisaient sans crainte, dissociant ainsi religion (yahvisme) et pratiques magiques. Le sorcier hébreu pratiquait les envoûtements par des imprécations, des malédictions à l’aide de poupées de plomb enserrées par un fil, lesquelles fondaient lentement à la flamme sacrée du chandelier à sept branches. Ces pratiques étaient officiellement dénoncées.

Par ailleurs, le sel constitue pour les hébreux l’élément magique par excellence. Pour préserver sa maison et la famille des mauvais sorts, il est recommandé de répandre du sel sur le seuil de la porte. Pour guérir une personne souffrante, le sorcier transpose la maladie sur un animal. Le déplacement d’une malédiction sur un animal est fréquent. La magie rouge est essentiellement axée sur le sang humain, qui permet d’obtenir la réussite et de braver le destin ou les dieux. L’origine du fameux interdit du sang chez les juifs tiendrait au fait que le sang soit le support de l’âme. Après avoir sacrifié des êtres humains (les fils du roi Hie!, par exemple, furent incorporés dans la muraille et dans les portes de la ville lors de la reconstruction de Jéricho), les sorciers se sont rabattus sur les sacrifices d’animaux. Le sang menstruel et celui des animaux de consommation constituent l’apanage des sorciers. Ceux- ci s’emparent de l’âme en se livrant à des opérations maléfiques. Dans la magie hébraïque, la main de gloire (parfois le pied) est constituée à partir de la main d’un pendu. Enveloppée dans un linceul, saupoudré de salpêtre, de poivre, de sel et autres ingrédients, la main sèche pendant quinze jours au soleil. Elle fera par la suite, office de chandelier doté d’un pouvoir de stupéfaction et d’immobilisation.

Yamina GUEHAM

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