MAGIE,SORCELLERIE EN AFRIQUE

Même si l’Afrique noire n’est plus aujourd’hui ce continent inconnu de l’européen, nombre de fausses interprétation planent sur la magie, la sorcellerie, la voyance et les marabouts. Bien avant que la civilisation occidentale ne pénètre son continent, la magie africaine était considérée comme un ensemble de rites, de croyances à caractère religieux et secret. Elle était pour l’africain une religion, mais aussi l’élément d’identification de toute une communauté. On ne convertissait pas on initiait, et ces deux mots n’avait pas toujours une frontière précise. Si les cultes dits moderne mettent un prophète au centre de la liturgie (intermédiaire entre Dieu et les hommes), les cérémonies religieuses africaines étaient une communion avec l’ancêtre mort. Une particularité se dégage de ce concept : la multiplicité des prophètes, chaque famille ayant son prophète, le patriarche mort. Enfin, la nature des cultes était différente d’une tribu ou d’une ethnie à l’autre, avec, cependant un point commun : les offrandes. Aujourd’hui encore, ces pratiques résistent, dans l’Afrique profonde, à la modernité. Il n’est pas rare de rencontrer des chrétiens convaincus pratiquer une double religion avec le culte des ancêtres. Pourquoi ce réflexe de conservatisme ? Parce que l’africain redoute une chose plus que toute autre : la malédiction. Ne pas être en «phase » avec les ancêtres peut susciter leur colère. La victime est ainsi la proie de phénomènes mystérieux et inexplicables : maladies ou succession d’échecs mis sur le compte d’envoûtements.

LE SORCIER FAIT REMONTER LE CRÂNE DE LA TERRE PAR DES INCANTATIONS La magie en Afrique a ses lieux de culte, ses autels. On ne peut s’y rendre librement il faut y être préparé et initié par le sorcier du village. Chez les Bamilékés du Cameroun, peuple très attaché aux traditions, lorsqu’un patriarche meurt, son crâne est déterré après quelques années, puis conservé dans autel édifié pour la circonstance.

La cérémonie de prélèvement du crâne est tout un rite rares sont ceux autorisés à y assister. Le sorcier fait remonter le crâne de la terre par des incantations - il n’y a aucune action matérielle sur le sol - et l’abrite dans un autel, généralement une petite case située au fond de la concession. La famille doit, à Des périodes précises, y déposer des offrandes sous forme de sang de chèvre ou de mouton, d’oeufs et de banane plantain cuite dans de l’huile de palme. Chez les Laoussiens de la Côte d’Ivoire, tribu vivant près de la mer, la magie est concentrée sur l’eau, l’esprit des ancêtres étant supposée vivre dans ses profondeurs et se manifester sous forme d’animal. L’exemple du crocodile, sacré chez la tribu Baoule. en est une illustration. Dans ce cas, c’est la rivière ou la mer qui sert d’autel. Lors de la cérémonie, le prêtre plonge dans l’eau. Il en ressort sans en être mouillé. TEL PRÊTRE VAUDOU S’OUVRE LE VENTRE AVEC UN COUTEAU ET CICATRISE AUSSITOT. La magie en Afrique est aussi un moyen de guérison et de désenvoûtement. C’est là toute la signification du rite vaudou. Le Bénin s’illustre particulièrement comme Terre vaudou, mais le culte, originaire du Continent africain, a différentes appellations. Au Cameroun, clans le pays Bassa, il est appelé Njingo et se pratique dans la forêt profonde. Le Vaudou guérit les malades par des moyens spirituels et les cérémonie sont le plus souvent difficilement supportables pour les néophytes tel prêtre vaudou s’ouvre le ventre à l’aide d’un couteau et cicatrise aussitôt, tel autre s’enferme dans la flamme brûlante quelques instants sans succomber. Tous ces gestes ont une explication ils servent à entrer en contact avec l’esprit du malade. Notons que la guérison n’est pas toujours effective, tout comme la science ni la magie ne sont infaillibles. Si la magie a des finalités positives, il n’en est pas de même pour la sorcellerie, qui a toujours été rejetée et pourchassée dans la société traditionnelle africaine. Une confusion se fait encore aujourd’hui dans les pages publicitaires de certains magazines où voyants et guérisseurs africains se réclament du titre de marabout.

IL Y A PLUS DE MARABOUTS EN OCCIDENT QU’EN AFRIQUE Dans la réalité, le marabout n’est ni un voyant, ni un guérisseur. On attribue ce titre à un chef, un fondateur d’une confrérie religieuse ou à un pieux musulman ayant acquis une réputation de sainteté et dont le souvenir est commémoré. Une des originalités du marabout est qu’il est désintéressé. Comme se fait-il qu’aujourd’hui les gens s’attribuent avec fierté ce titre ? Parce que l’africain musulman se sent plus en confiance face à un marabout, pour son coté bonté et piété. En Occident, on remarque qu’il a plus de marabout, pour son coté bonté et piété. Cette activité est devenue une véritable industrie.

On est en droit de se demander quel est le degré d’efficacité de ces voyants ou guérisseur. Nul ne peut vraiment le dire. Des clients doivent y trouver leur compte, puisque l’activité se développe. Cependant, les marabouts installés aujourd’hui en Occident n’ont pas tous une odeur de sainteté. Comme dans toutes professions, il y a des brebis galeuses.

En Afrique, le guérisseur est généralement désintéressé. Lorsqu’il réussit une opération, c’est au consultant de faire un présent, s’il le souhaite, en nature le plus souvent car la tradition répugne toute exploitation mercantile de don reçu par la grâce des dieux.

EN FRANCE, LES TARIFS CONSEQUENTS SONT DES GAGES DE SERIEUX. Un voyant bien connu sur la place de Paris à qui nous avons posé la question des raisons de cette dérive en France, nous répond : «Pour être crédible ici, il faut afficher des tarifs conséquents, sinon personne ne vous prend au sérieux » poursuit «il y a, dans notre métier, beaucoup de charlatans qui profitent de la crédulité de personnes en détresse. Ils sont managés par des affairistes européens qui ont mis sur pied une stratégie commerciale très agressive. Ceux-ci recrutent un africain, l’installent dans un local et s’occupent de lui assurer une clientèle par l’achat d’espaces publicitaires; » Notre interlocuteur, sur la défensive, conclut «il y a de bons voyants parmi les africains, seulement l’appât du gain amène certains à raconter n’importe quoi. On ne peut pas guérir tout, contrairement à ce que beaucoup affirment. Or la surenchère va entamer la crédibilité Des voyants et guérisseurs africains en France ». Face à cette situation, quelques voyants africains veulent clarifier la situation. On parle même de créer un ordre. Mais quels critères seront requis pour être reconnu comme marabout 7 Comment juger que tel ou tel possède des dons ?

Il convient d’instaurer un code de déontologie de la profession. L’avenir Des voyants et guérisseurs africains installés en Europe passe par un effort de crédibilité qui consiste à mettre en avant le soulagement de leurs patients avant les considérations financières. JULES KEMAJOU.

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