La véracité des sciences occultes
La croyance est l’adhésion de l’âme à une opinion.
Cette définition classique lui confère une grande subjectivité, c’est-à-dire un caractère individuel qui varie avec le jugement les sentiments, les habitudes propres à chacun.
Peut-on convenir, que chaque individu est libre de croire ce qu’il veut et du coup, tout débat sur l’occultisme
semble vain d’autant plus que l’expression même de «sciences occultes ’’parait impropre’’? La science étant un processus intellectuel suivi en vue d’une connaissance exacte et raisonnée d’un sujet défini.
Un cartésianisme étriqué On dit très souvent que l’occidental est cartésien ou si l’on préfère nationaliste si bien que pour le sens commun ces deux mors sont synonymes. C’est faire preuve d’inintelligence ou d’immaturité que de prétendre prospecter le monde de l’invisible, ‘le domaine de l’irrationnel, de l’incertain. Il n’y a rien à chercher au-delà de la raison, cette opinion va trouver ses racines dans la doctrine du philosophe Descartes qui voit dans ‘les idées des semences de vérité” dont la “clarté” et “l’évidence” sont les critères indéniables : «Tout ce qui se présente avec clarté et évidence à mon entendement est vrai…” Tel est le sens profond du “cogito” inscrit dans sa célèbre formule: ‘je pense donc je suis’ Voilà résumée pour les inconditionnels du rationalisme toute la pensée du philosophe. Mais c’est là, en vérité un cartésianisme vulgaire qui repose sur l’ignorance de la démarche de Descartes. La découverte du cogito, le moi pensant, ouvre la voie à la connaissance de l’âme et conduit à la connaissance de Dieu. Or, ces “idées suprasensibles”, pour parler comme Kant, ne peuvent pas être appréhendées par la raison. Nos “prétendus” cartésiens croient avoir compris le maître dont ils arrêtent pourtant si souvent en chemin la pensée. La science est objet de savoir. Grâce à l’évolution, elle s’est donnée polir vocation de débarrasser l’homme de l’ignorance; a contrario celle-ci ne peut être considérée comme la voie royale qui conduit à la connaissance. Et, il y a, justement, dans ce cartésianisme primaire une forme d’aventure qui empêche les esprits jaloux de “leur rationalisme” de sonder les profondeurs de l’occulte pour y découvrir ce qui est caché dans la science. L’épistémologie contemporaine a montré avec G. Bachelard que l’empirisme n’est pas la science mais un mouvement de l’esprit qui «commence par l’enregistrement de faits évidents». La science, elle, dénonce cette évidence pour établir des lois cachées. Regain de spiritualité et recrudescence de l’occultisme Dans sa vision prophétique du monde, Malraux affirmait que “le XXIe siècle sera religieux ou métaphysique”. Le vent de sa prédiction semble souffler déjà sur l’humanité qui assiste à un regain de spiritualité des sectes se multiplient, essaiment un peu partout, exaltent d’un côté Jésus Christ et commettent de l’autre des ex-centricités affolantes, prêchant le suicide collectif ou assignant le salut à leurs adeptes à travers un destin macabre. L’apparition du Vodoun en Occident, culte jadis méconnu et relégué au rang de viles superstitions alors qu’il mérite toute l’attention de l’ethnologie religieuse atteste cette vitalité du spiritualisme. Par ailleurs, on observe une recrudescence de l’occultisme qu’on juge de façon manichéenne situé aux antipodes du spiritualisme comme relevant du domaine des forces du mal. L’occulte est caractérisé par son ésotérisme c’est-à-dire par le fait d’être essentiellement réservé aux seuls initiés et l’initiation consiste à élever le degré de connaissance d’un individu pour lui permettre de comprendre ce qu’il ne peut saisir à l’état de veille. L’occultisme repose sur une science véridique que la cupidité des hommes corrompt bien souvent d’autant que la plupart de ces prophètes de malheur qui vous tendent une carte de visite à la sortie du métro pour s’attirer la clientèle n’ont peut être jamais eu accès aux enseignements d’un guide émérite. De là à généraliser les expériences de quelques uns aux résultats à l’efficacité d’une science dont les normes insolites rebutent le profane devient un paralogisme.
Le rôle de sensibilisation des médias
Comment peut-on nier les prédictions de Nostradamus qui s’étaient concrétisées sous les yeux de ses contemporains ? Et qui peut évaluer encore la probabilité qu’un événement comme la prise d’otages d’Alger* prédit dix jours auparavant devant des milliers de téléspectateurs par Aurélien Le Blé puisse se réaliser ? Et pourtant, il eut bel et bien lieu. N’en déplaise aux avocats du rationalisme qui riaient ce jour là aux dépends des invités présents sur le plateau Est-ce le fait du hasard qu’on sensibilise de plus en plus aujourd’hui dans les médias des esprits avides de savoir, sur des phénomènes mystérieux ? Et que dire de ces médecins compétents parfois perplexes devant des cas critiques de maladies au point qu’ils conseillent à leurs patients de recourir à des pratiques occultes ? Les éprouvés peuvent en témoigner après avoir vécu des heures d’angoisse que rien ni même des analyses médicales conséquentes ne sauraient justifier. A la question posée aux téléspectateurs le 10 février1994 lors de l’émission ‘’ J’y crois, ,j’y crois pas” de savoir s’ils croient ou non à l’efficacité des médecines parallèles, 70% ont répondu positivement et je suis tenté de souligner comme ce député européen des Verts présents ce soir là sur le plateau «Faire semblant que la réalité n’existe pas n’est pas intelligent’ C’est bien là une judicieuse réplique à la leçon que des intelligents modernes prétendent donner aux “primitifs” de cette fin du XXe siècle. Que la science imbue de préjugés garantis par ses progrès se souvienne de ses origines. Elle doit sa naissance à des hommes qui avaient une conscience élargie de l’occulte. Keppler travailla son astronomie sur la base des données mystiques de la pensée de Pythagore. Paracelse et Newton firent aussi des alchimistes. En reprenant l’idée de Bachelard qu’ “il n’y a de science que de ce qui est caché” répétons avec le Père Teilhard de Chardin que “seul le fantastique a des chances d’être vrai”
Cosine Zinsou QUENUM Chargé de recherches en Sciences humaines
- article publié dans :Destins