LA CONDITION HUMAINE

« Je pense, donc je suis ». Cette assertion de Descartes mériterait un complément: «Je ne suis que dans les limites où je pense». D’où l’intérêt de points d’appui, de jalons, de conseils éclairés. Tous, un jour ou l’autre, nous éprouvons ce besoin de déborder le cadre de nos faibles moyens. Il faut bien convenir que ce don de vie aux humains passe l’entendement. A tenter de pénétrer les mystères qui nous enveloppent et président souvent à notre destinée, combien d’interrogations, vaines vu notre incapacité à résoudre ce qui nous interpelle tant! Ignorance - Méconnaissance - Perception - Foi - Révélation - Amour - telle nous semble être cette échelle de Jacob qui nous est proposée, face à ce Cosmos où nous ne figurons que comme des «poids de rien». Au fil des temps, quelques personnages éclairés, inspirés sont apparus ici-bas, sorte de porte-paroles d’un monde supérieur - milieu devin? - stimulant nos interrogations, guidant nos pas : Emile et Elisée, voici près de 3000 ans, délivrant messages, encouragements, promesses, menaces de jugement… suivis d’Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel, édifiant, exhortant, consolant, tendant à éclairer les hommes dans un sens propre à façonner leur destinée. Le premier «vrai» voyant fut peut-être Jérémie, en butte, en lutte, et parfois victime du malin. D’autres, nombreux, lui emboiteront le pas, apparentés aux prophètes, à leur office sanctifié comme prêtrise ,œuvrant semblablement au milieu d’aveugles, de nouveau-nés aux pas hésitants, somme toute nous autres… .non voyants, encore en enfance, qui avons grand besoin de nous référer aux cailloux blancs de certains petits poucets pour ne pas nous perdre sur notre chemin aventureux d’où l’ogre et le loup ne sont jamais loin non-voyant que nous sommes longtemps en cette sorte de tunnel de la vie où la moindre lueur nous apparait commun trésor et une grâce …non-voyant encore lorsqu’il convient de nous encorder pour gravir telle difficulté - piton, mont et surplomb - que nous ne saurions affronter solitaires. …non-voyant, bien que Présidents de la première puissance au monde; les Lincoln et Kennedy dont deux conseillers proches (à l’homonymie inversée) ont, seuls, la prescience des attentats qui vont survenir- ce qui ne fait qu’accroître le mystère de nos destins propres …non-voyant enfin, les faux prophètes - tel Ananas foudroyé devant Pierre - et à travers les temps la kyrielle de mercantis prostituant cyniquement l’office au nom des Belzébuth… un temps! . . .
Quand aux autres, vrais voyants à l’intégrité rigoureuse et la déontologie sans faille pénétrés de modestie et de prudence parce que dépositaires d’une parcelle du sacré, ils servent leur prochain, relativisant leur privilège, convaincus que, pour ceux d’En-Haut, eux aussi demeurent des… « mal-voyants ». Georges SEGNEUR Auteur de : Aux enfants d’Abraham Ancien conseiller d’un Président Africain

  • cet article a été publié dans INAD- Consommateurs n°2
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