Chasser une escroc, elle revient au tarot

On ne l’avait pas oubliée mais presque. Sans doute se tenait-elle tranquille dans son coin. On pensait qu’elle avait pris un peu de conscience et d’humanité après une visite au commissariat de police. Ben non, chassez l’escroc, elle revient au tarot. A…., le retour. En pire…

Souvenez-vous. C’était en 2005, Eliane se désespère de voir son mari rongé à petit feu par le cancer. La faculté est impuissante, Eliane est désemparée. Comme souvent dans ces cas-là, Eliane se tourne vers l’impalpable. A ce stade de détresse, qui ne serait pas prêt à faire n’importe quoi, à s’accrocher au moindre petit espoir pour sauver l’être aimé? Malheureusement pour Eliane, elle est tombée sur une vendeuse d’espoir. Vendeuse de luxe, même, au vu des tarifs pratiqués. 1800 euros pour la promesse de sauver un homme aux portes de la mort, puis 25000 euros pour réaliser l’exploit mais aussi, bonus gratuit, pour empêcher la maladie de “retomber” sur la fille. Hé oui, A… avait découvert à l’époque que le cancer était soumis à l’attraction terrestre! Il est vrai que lorsqu’on se cache derrière le nom d’A…de …, que l’on prétend détenir son pouvoir des rois de France comme des Cathares, on peut aussi être plus forte qu’Einstein et Pasteur réunis. Car sauf erreur des historiens, c’est précisément un roi de France qui a ordonné de passer tous les cathares au grill. Il faut dire qu’Ambrouilla de mauvais Aloi n’est pas à un paradoxe près quand il s’agit d’arnaquer le bon peuple. Ainsi, elle affirme en plus travailler en relation avec les moines de la Grande Chartreuse. Traduction: A…, pardon, C…puisque tel est son vrai nom, taquine de la bouteille et avoue à demi mots un net penchant pour le fabuleux breuvage produit dans cette abbaye. Vu les divagations de la dame, consommer avec modération n’est pas son truc.

Le problème est que dans cette histoire, c’est Eliane qui a trinqué. Quelques mois plus tard elle était veuve, comme l’avaient prévus les médecins. Pire, grâce à A…, Eliane a du en plus de sa détresse faire face à un sentiment d’impuissance et à une situation financière désastreuse. Suite à une intervention de l’Inad, A… avait alors promis de rembourser en partie la veuve et l’orpheline. Une promesse à la façon de certains politiques que la Coco n’a jamais tenue. Comme toute victime des escrocs à la voyance, Eliane avait donc porté l’affaire en justice. Du coup, A… et C…s’étaient faites plus discrètes. On la croyait calmée… A tort.

En 2008, c’était au tour d’une handicapée de tomber entre les griffes d’A…. Gravement malade et ne pouvant se servir de ses jambes, et bien entendu désemparée, Mme K. a le malheur de tomber sur une publicité de l’omnipotente A…. Au cours d’une consultation téléphonique avec l’arnaqueuse en chef, Mme K apprend, ô miracle, qu’elle va retrouver l’usage de ses jambes. C… serait-elle une descendante de Jésus? C’est ce que l’on pourrait croire si la sainte voyante ne demandait pas 2000 euros pour un tel miracle. Bon, on va dire qu’avec la crise les descendants de Jésus ont du mal à joindre les deux boules de cristal et qu’ils ne peuvent attendre que Dieu leur rende au centuple. Manque de bol, au contraire de Lazare, Mme K. n’a jamais pu se lever et marcher. N’est pas Jésus qui veut. Au lieu de semer amour et compassion, A…use et abuse du désespoir et du malheur des gens pour accumuler les biens. On est loin de cette précieuse “aide” promise sur les pubs.

Une fois de plus, à la demande de la victime, l’Inad est intervenu auprès d’A… pour tenter d’obtenir un règlement amiable de l’affaire. A partir de là, on connaît le scénario: promesse, rétractation puis nada. Sauf que cette fois, notre « guérisseuse » a décidé de se la jouer mafia. Non contente d’avoir arnaqué une pauvre femme, la “parraine” a décidé d’envoyer son avocat résoudre cette affaire à sa manière. Le baveux ne s’est pas fait prié et a même décidé d’en rajouter. Se croyant dans un film de Scorcèse, l’homme n’a rien trouvé de mieux que de “conseiller fortement” à la victime de modifier son témoignage et pour affirmer que ce serait le Président de l’Inad qui l’aurait forcé à se plaindre. Mme K. refuse. Et là, notre spécialiste du droit bafoue ce qu’il est censé défendre et laisse entendre à Mme K. qu’elle pourrait bien se retrouver dans un institut psychiatrique. Et pourquoi pas dans une rivière avec des chaussures en béton? Il faut croire qu’A… et son homme de peu de loi ont vraiment pété les plombs et qu’il est plus que temps pour eux et pour le peuple de France qu’ils suivent une thérapie.

Bien sûr, en parcourant ces lignes et en constatant l’énormité des propos d’A…, on pourrait penser que les victimes sont vraiment naïves. Mais quand des individus comme A… profitent de la maladie et de la mort pour faire fortune, on aurait plutôt tendance à serrer les poings. Dans ce cas-là, on aurait même envie de rappeler à cette chère A… qu’il y a un peu plus de 200 ans, des nobles ont perdu la tête parce qu’ils avaient cru pouvoir spolier le peuple en toute impunité. Et à bien y regarder, on pourrait se demander si l’Etat, par son attitude passive vis à vis d’un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, et les magazines qui publient de telles annonces , sans aucune vérification préalable, en toute connaissance de cause ne seraient-ils pas ‘’complices’ de ces arnaques.

Buffy Brinogène

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