Quand les plateformes ferment les yeux sur les dérives de certains ''praticiens"
Entre abus de crédulité, insultes, menaces et dérives psychologiques, le monde de la voyance en ligne inquiète de plus en plus. Certaines plateformes, pourtant tout à fait identifiables, continuent de servir de terrain de jeu à des individus qui rivalisent de mensonges, de pouvoirs fantasmés et de promesses vides. Enquête sur un business qui échappe trop souvent à toute régulation.
La voyance n’a jamais été aussi accessible. Un clic, un pseudo, une carte bancaire : et voilà le « consultant » en ligne, prêt à recevoir les révélations d’un médium qui se présente comme le dépositaire de secrets ésotériques millénaires. Mais derrière l’écran, que se passe-t-il réellement ?
Des « professionnels » autoproclamés à la compétence douteuse
Nous avons recueilli de nombreux témoignages de clients floués, choqués, voire traumatisés par des expériences avec des praticiens qui relèvent plus de la manipulation mentale que de l’accompagnement spirituel. Très loin des principes de respect et d’éthique que ces professions prétendent revendiquer, ces individus débitent à la chaîne des prédictions absurdes, incohérentes, souvent contradictoires… et refusent toute remise en question. À la moindre contradiction, le masque tombe.
Insultes, mépris, menaces : une réalité glaçante
Le plus inquiétant ? Le comportement de certains praticiens lorsque le client ose exprimer son mécontentement. Au lieu d’un dialogue respectueux, certains utilisateurs font face à une avalanche d’agressivité : insultes personnelles, mépris assumé, attaques sur la vie privée et, dans certains cas, menaces à peine voilées. « On va voir si tu rigoles encore quand tu subiras les conséquences du sort que je viens de lancer sur toi », a-t-on pu lire dans un message adressé à une cliente ayant simplement demandé un remboursement.
Non seulement ces comportements sont inacceptables, mais ils relèvent parfois d’une forme de violence psychologique. Pourtant, peu de plateformes interviennent. Pire, certaines plateformes et applications continuent de promouvoir ces profils problématiques en tête d’affiche, pour peu qu’ils soient « rentables ».
Les plateformes et applications doivent assumer leur part de responsabilité
À ce jour, trop peu de plateformes prennent des mesures claires pour encadrer leurs intervenants. En tant que supports publicitaires, ces entreprises tirent profit de l’exposition de ces praticiens – tout en prétendant n’avoir aucune responsabilité sur leurs agissements. Or, en tolérant de tels dérapages, elles deviennent complices passives de ce système.
Il est urgent que ces entreprises rappellent à l’ordre les voyants, médiums et autres « guides spirituels » qui officient sur leurs espaces. L’exigence d’un client, même mécontent, ne peut jamais justifier l’irrespect ou la menace. Il en va de la crédibilité d’un secteur déjà largement discrédité par ses abus internes.
À défaut d’agir, les plateformes pourraient se retrouver elles aussi sur le banc des accusés. Car dans ce domaine, comme dans d’autres, la responsabilité n’est pas qu’individuelle : elle est aussi structurelle. Quand un espace numérique permet à des pseudo-professionnels d’opérer sans garde-fou, il doit accepter de répondre de leurs dérives.
Alors que les victimes de ces abus se multiplient, la question est simple : combien de plaintes, de scandales, de drames faudra-t-il avant que les plateformes et applications concernées sortent enfin de leur silence coupable ?