Soins énergétiques et cadenas magique : la mécanique de la peur
Le Business de la peur
Tout avait pourtant commencé sous une belle lumière. Sur TikTok, Marie-Noëlle, connue sous le pseudo @leslumieresdava1, apparaissait comme une figure bienveillante : voyante, guérisseuse et “sorcière blanche”. Ses messages rassurants, ses directs emplis de douceur et ses promesses de transformation intérieure attiraient de nombreuses personnes en recherche de sens. « On pensait rejoindre une aventure humaine et spirituelle sincère, racontent Roméo et Juliette. Notre intention était d’aider, pas de nuire. Mais peu à peu, certains aspects nous ont profondément troublés. » Derrière les apparences, la réalité semblait plus sombre. Selon leur témoignage, l’organisation reposait en grande partie sur des prestations payantes : soins énergétiques, alchimies sacrées, dégagements au plomb… Les tarifs peuvent grimper jusqu’à 250 euros, parfois davantage. Un véritable business, selon eux, où la peur devenait un levier commercial.
Certaines personnes, persuadées que leur énergie était bloquée ou qu’elles risquent de passer à côté d’une guérison, auraient investi des sommes importantes, souvent au prix de grands sacrifices personnels. « Tout était bien orchestré pour leur faire croire qu’ils n’avaient pas le choix », expliquent-ils.
La découverte des lieux a marqué un tournant. « On a été choqués », se souvient Juliette. « C’était mal ventilé, peu hygiénique, et certains ustensiles semblaient réutilisés. Rien à voir avec le discours spirituel qui nous avait attirés. » Peu à peu, une forme d’emprise psychologique se serait installée. Lorsqu’un soin ne “fonctionnait pas”, les clients étaient parfois accusés de bloquer eux-mêmes leur progression. « On leur faisait croire qu’ils devaient recommencer, payer encore, pour espérer avancer », explique Roméo. « Et s’ils exprimaient des doutes, on retournait ça contre eux. »
Parmi les pratiques évoquées, celle du cadenas magique” a particulièrement marqué les esprits. Ce rituel, jamais réellement montré, était vendu 430 euros et promettait d’unir deux âmes destinées. L’INAD (Institut National des Arts Divinatoires) met pourtant régulièrement en garde contre ce type de procédés, qui exploitent la fragilité émotionnelle des personnes en souffrance. « Ces pratiques reposent bien plus sur la peur et le besoin affectif que sur une réelle démarche spirituelle », rappelle l’INAD. Les témoignages rapportent aussi un climat pesant, dans lequel les personnes qui exprimaient un malaise étaient mises à l’écart, parfois humiliées. « Certains avaient peur d’être maudits ou accusés de trahison karmique. On a vu des gens se refermer sur eux-mêmes, culpabiliser, s’endetter… » Roméo et Juliette insistent : leur démarche n’est pas une attaque, mais une alerte. « On ne remet pas en cause la spiritualité ou la voyance en soi. Mais on appelle à plus d’éthique. Nous y avons cru, nous avons voulu aider. Mais on ne veut pas que d’autres se retrouvent piégés comme nous. »
L’INAD rappelle que toute promesse de miracle ou de rituel payant doit éveiller la méfiance. La vraie pratique, selon l’institut, repose avant tout sur l’écoute, la bienveillance et le discernement. Et surtout : « La lumière ne se vend pas. Elle se transmet avec respect, transparence et humilité. »
À ce jour, six témoignages similaires ont été transmis à l’INAD, tous relatant des expériences semblables et des sommes engagées sans réelle contrepartie.
Roméo & Juliette * , anciens bénévoles de la communauté “Les Lumières d’Ava1” * Les prénoms ont été modifiés.
NB: Les témoignages évoqués dans cet article ont été vérifiés et validés l’INAD Préalablement à la publication, nous avons sollicité par écrit la voyante mise en cause afin qu’elle puisse présenter sa version des faits. Elle n’a pas donné suite à notre demande.