Grasse : trois ans de prison requis contre la fausse voyante

Elle avait trouvé le bon filon. Une astuce qui lui assurait des revenus confortables et lui aurait rapporté au minimum 80 000 euros, au préjudice d’au moins 94 victimes dans toute la France. Des faits qui lui ont valu, hier, une comparution devant le tribunal correctionnel de Grasse pour abus de confiance. Entendue longuement, la fausse voyante mais vraie gérante d’une entreprise fructueuse n’a cessé de nier les faits. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 17 mars prochain. En 2000, cette Mouansoise de 44 ans est embauchée comme secrétaire dans une société de voyance par téléphone au Cannet. Très vite elle en devient la comptable puis la cogérante, effectuant de temps en temps quelques « remplacements » en cas d’absence d’un des voyants. « Mais vous n’avez aucun don ? l’a interrogée le président Alain Ramy. Ça ne vous gênait pas de tromper ainsi les gens ? » « ça me gênait un peu, en effet » a-t-elle répondu à la barre. Elle monte ensuite d’autres sociétés similaires, hébergeant différents voyants, les faisant bénéficier de son terminal de paiement contre une commission de 10 % de leur chiffre d’affaires. Mais les clients, qui avaient communiqué leur numéro de carte bancaire pour le paiement de la consultation, découvrent, dans les mois qui suivent, qu’ils sont débités de sommes non justifiées pour des prestations fictives au bénéfice de sociétés de voyance qu’ils n’ont jamais contactées. Accusée d’avoir abusé de l’utilisation des numéros de cartes des clients, la prévenue a invoqué la thèse du complot, se déchargeant sur les voyants et son associée. La fausse voyante, aujourd’hui syndic de copropriété, s’adonnait également aux expertises d’oeuvres d’art, activité hébergée par la société d’un ex-employé. « Elle m’a demandé de passer 1 000 cartes bancaires pour un montant de 219 F (33 euros) chacune » se souvient ce Niçois de 44 ans, poursuivi pour complicité d’abus de confiance. Les 1 000 transactions ont toutes fait l’objet d’opposition. « Il s’est fait berner » a plaidé en défense Me Gervais Gobillot. « Pour une société de voyance, on n’y voit pas très clair », a ironisé le procureur Arnaud Faugère, accusant la prévenue d’embrouiller le tribunal. Il a requis à son encontre 3 ans de prison dont 2 avec sursis et une amende de 80 000 euros. Il s’en est remis à l’appréciation du tribunal en ce qui concerne le présumé complice.

Mathilde Tranoy Monaco-Matin

  • Cet article est paru le 28 janvier 2008, dans les colonnes de Monaco - Matin et publié sur le site de l’INAD (www.inad.info), avec l’aimable autorisation de la S.A.P.O. Nice –Matin.
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